jeudi 26 décembre 2013

Article La Liberté - Mérite Sportif Fribourgeois

Voici l'article de Jean Ammann sur le Mérite sportif fribourgeois (21.12.2013). Vous pouvez le lire ci-dessous.

Gaëlle Thalmann sur la ligne (de but)!

MÉRITE SPORTIF • Au terme d’un vote serré, les Fribourgeois ont désigné Gaëlle Thalmann, gardienne de l’équipe nationale, pour succéder à Julien Sprunger. Le football féminin, si souvent ignoré, est enfin à l’honneur.

JEAN AMMANN
C’est une victoire serrée. Au football, ça se serait joué aux tirs au but. En judo, ça se serait conclu sur un yuko. La joueuse de football et gardienne de l’équipe de Suisse, la fille aux 25 sélections internationales, s’est imposée dans le Mérite sportif fribourgeois 2013 par 29,6% des voix, contre 27% au judoka Ludovic Chammartin, battu pour la troisième fois dans cette course honorifique. «Deuxième, c’est à l’image de ma saison», lâche Ludovic Chammartin en redescendant de l’estrade, faisant référence à sa deuxième place aux championnats d’Europe, à sa deuxième place du Swiss Open, à la deuxième place encore de son club en championnat de Suisse. Finir deuxième d’un vote, c’est comme être battu en finale: on a pu rêver au sacre, on se retrouve le premier des battus, promis à l’oubli. «Cela n’a rien à voir, lance Ludovic Chammartin. Perdre une finale, c’est quelque chose de difficile à surmonter. Là, je vais fêter ma deuxième place du Mérite sportif.»

Gaëlle Thalmann, qui succède au hockeyeur Julien Sprunger, n’était pas hier soir à la Halle des fêtes de Saint-Léonard, elle était en Sardaigne avec son club, l’ASD Torres Calcio, qui n’a pas fini le championnat. Par téléphone, elle a dit sa joie de voir le football féminin récompensé: «Je suis fière d’avoir été désignée Mérite sportif 2013, a déclaré Gaëlle Thalmann. Ce soir, je tiens à associer toutes mes coéquipières, en club et en équipe nationale. J’espère que cette distinction permettra au foot féminin d’aller de l’avant.» Gaëlle Thalmann est la septième femme seulement à décrocher le Mérite sportif en 45 éditions. Ce qui montre bien
que le sport est une phallocratie. «Les gens comparent le football masculin et le football féminin, c’est une erreur: le football féminin est un sport à part entière», plaide Jacques Thalmann, le père de Gaëlle, l’homme qui fut son premier entraîneur. «Le football féminin est plus technique, moins rugueux… Il a ses propres qualités», poursuit-il.

Invaincue!
Aujourd’hui, c’est l’heure de la consécration pour Gaëlle Thalmann: la Bulloise, domiciliée à Sassari en Sardaigne, est titulaire de l’équipe de Suisse et dans la qualification pour la Coupe du monde 2015, elle a maintenu sa cage inviolée. La Suisse s’est imposée 9-0 contre la Serbie, 1-0 contre le Danemark et 2-0 contre l’Islande. «Le Danemark et l’Islande sont deux des meilleures équipes d’Europe», précise Jacques Thalmann.

Mais à l’heure de tous les lauriers, il faut se souvenir des origines, il faut rappeler la somme de volonté nécessaire à une carrière professionnelle. Steve Guillod, ancien entraîneur du FC Bulle (Challenge league) se souvient: «Quand je dirigeais la première équipe de Bulle, je voyais Gaëlle à l’entraînement, je voyais cette gamine plonger dans les jambes des mecs, je la voyais sortir sur des balles qui arrivaient fort et j’étais admiratif! Je dis: chapeau bas!» Et quand il y a six ans, elle est partie comme professionnelle en Allemagne, à Potsdam puis à Hambourg, elle a connu le rude régime des footballeuses teutoniques: «Elle s’entraînait trois fois par jour!», se souvient Jacques Thalmann. «Nous étions allés la trouver en Allemagne: elle était cassée de partout», raconte Rossella, la maman. «Cassée de partout» n’est pas toujours une image de style: «Elle s’est fait souvent mal. Elle a été opérée du genou, de la cheville, du pouce…», énumère Rossella Thalmann, qui respire enfin: «Depuis 18 mois, tout va bien.»

«Elle savait plonger»
Longtemps, Gaëlle Thalmann a hésité entre le tennis et le football: classée N4, soit dans les 75 meilleures joueuses de Suisse, 8e meilleure junior, elle a abandonné le tennis lorsque les portes du centre national de Bienne se sont fermées devant elle. «Au même moment, elle devait avoir 15 ou 16 ans, elle a été convoquée en équipe nationale des moins de 19 ans. Le football s’est imposé naturellement à elle», relève Jacques Thalmann.

Non seulement footballeuse, mais gardienne! Cela fait deux excentricités pour une seule personne. «J’entraînais les juniors E à Bulle, relate Jacques Thalmann. Gaëlle était dans mon équipe. Un jour, mon gardien m’annonce qu’il ne veut plus jouer au but. Je demande: qui voudrait jouer au poste de gardien? A ma grande surprise, Gaëlle lève la main. C’étaient les vacances de Pâques: j’ai eu trois jours pour l’entraîner dans le gazon devant la maison. J’ai lancé des ballons de foot, des balles de tennis, des balles de ping-pong…» Et alors quoi, la révélation? «En tout cas, j’ai vu qu’elle savait plonger.»

Aux qualités physiques et techniques, il faut ajouter un sacré caractère, qui tient de la mère pour l’énergie et du père pour la combativité. «Pour Gaëlle, chaque défaite est un drame», résume Rossella Thalmann. Hier, pour 2,6% nous avons évité un drame. 


BIO EXPRESS

GAËLLE THALMANN
> 1986: le 18 janvier, naissance à Bulle.
> Formation: master en germanistique et histoire, diplôme de management du sport.
> Football: professionnelle depuis 6 ans, 25 sélections en équipe nationale, gardienne du FC Torres (Sassari,
Sardaigne du Nord) avec qui elle a gagné en 2012-2013 le titre national et la Coupe d’Italie. JA


LE PALMARÈS 2013

> Mérite individuel: 
1. Gaëlle Thalmann, football;
2. Ludovic Chammartin, judo; 
3. Nadia Mühlhauser, gymnastique; 
4. Kristel Marbach, volleyball;
5. Valentin Guillod, motocross.

> Mérite collectif: Bulls de Guin, champions suisses amateurs de hockey.

> Prix du mérite: Martin Laciga, beachvolley.

> Prix sportif de l’Etat de Fribourg: Paul Jaggi, ski de fond.

> Prix d’encouragement: Miriam Schneuwly, Wünnewil, athlétisme; Léo L’Homme, Vuadens, VTT.



La Liberté, 21.12.2013.

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