jeudi 2 février 2012

Article Sharkfoot

Le site sharkfoot.fr réalise des interviews et des reportages principalement sur le football français, belge et suisse. Lors de mes vacances de Noël en Suisse, j'ai rencontré le journaliste Nicolas Munier qui m'a posé quelques questions. Vous pouvez lire le résultat ci-dessous.

Die Internetseite sharkfoot.fr gibt Interviews und Berichte vor allem über den französischen, belgischen und Schweizer Fussball heraus. Während meines Weihnachtsurlaubs in der Schweiz traf ich den Journalisten Nicolas Munier, der mir ein paar Fragen stellte. Unten könnt ihr das Endergebnis lesen (auf französisch).


Portait: Gaëlle Thalmann

Telle une lionne en cage

Bénéficiant de quelques jours de vacances, Gaëlle Thalmann a profité de la trêve hivernale pour retrouver son Helvétie natale. Avant de poursuivre sa saison de Bundesliga avec le Lokomotive Leipzig, la portière est revenue, avec passion, sur son parcours atypique. Portrait d’une petite fille devenue gardienne internationale. Par Nicolas Munier


Aussi ponctuelle aux rendez-vous que dans ses interventions, Gaëlle Thalmann nous explique comment tout a commencé. « C’est simple, j’ai débuté dans mon quartier, avec une majorité de garçons, on jouait soit au hockey, soit au foot. A l’école, on tapait aussi dans le ballon pendant les pauses, alors, quand mon père a repris une équipe de juniors à Bulle, je l’ai suivi. » Encore gamine, la petite Thalmann s’éclate et se découvre rapidement des aptitudes défensives. « Au milieu de ma première saison en juniors, je jouais en attaque mais je n’arrivais pas à tenir ma position, je revenais toujours défendre. Du coup, lorsque notre gardien a voulu arrêter, je me suis proposée pour le remplacer. Même si mon entraîneur de l’époque, mon père, n’était pas très chaud, on a essayé ainsi et ça a bien marché. » Depuis ce jour, la portière est restée fidèle au poste, malgré les appels du pied de son second sport de prédilection. « J’ai toujours fait parallèlement foot et tennis. Au début, le tennis avait la priorité mais, quand j’ai eu 16 ans, ma première convocation en équipe nationale m’a poussée à miser sur le foot. » Aujourd’hui, la Suissesse ne regrette aucunement son choix, mais reste néanmoins attirée par les deux sports. À l’image de cet entretien réalisé au « Restaurant du Tennis » de Bulle. Tout un symbole.

De Riaz à Lucerne, en passant par Vétroz, Thoune et Zuchwil

Lorsqu’elle rejoint le FC Riaz, sa première équipe féminine, Gaëlle Thalmann a quatorze ans. « J’avais joué cinq ans avec des garçons alors, en arrivant là-bas, j’ai vu une certaine différence. A Riaz, le niveau était, comment dire … (rire). En fait, je ne connaissais pas trop le foot féminin, je jouais dans la ligue la plus basse mais je ne savais même pas qu’il y avait mieux. » Peu importe, elle s’éclate, multiplie les parades et se remémore cette époque avec un sourire teinté de nostalgie. « Même si footballistiquement ce n’était pas le top, au niveau humain c’était très bien. De cette période, j’ai gardé des liens d’amitié assez forts. »
Son talent dépassant rapidement les frontières cantonales, la Fribourgeoise tape dans l’oeil du FC Vétroz, un club valaisan qu’elle rejoint en 2002. « Là, c’était épuisant au niveau logistique. J’habitais à Bulle mais je jouais à Vétroz. Les deux heures et demies du trajet aller me permettaient de faire mes devoirs mais, après les entraînements, je n’avais plus moyen de rentrer chez moi. Du coup, je m’entraînais le vendredi soir, je dormais là-bas et j’étais sur place pour le match. » S’entraînant parallèlement avec les juniors du FC Bulle, la gardienne cartonne et attire alors la convoitise des clubs de première division.
Repoussant sans cesse les limites, la Romande n’a que dix-sept ans lorsqu’elle rejoint le must en matière de football féminin helvétique : l’eurythmique Suisse allemande. N’ayant cure du Röstigraben, elle pose tout d’abord son sac à Thoune, en compagnie d’une coéquipière francophone. « Le contingent était de qualité, on jouait en Ligue A. Malheureusement, je me suis fait les ligaments croisés et j’ai loupé tout le deuxième tour. » Le club bernois ayant été relégué, Gaëlle s’en va alors décrocher un titre de vice-championne nationale avec Zuchwil, avant de finalement rejoindre Lucerne. Un parcours aussi nomadique que réfléchi. « J’ai pas mal bougé, ça dépendait des blessures et de l’envie de jouer en Ligue A, mais c’est surtout le désir de progresser qui m’a guidée. Chaque fois que j’ai changé de club, c’était vraiment pour franchir un palier. » La progression ? « Gaga » en a fait son dada.

A la découverte de la Bundesliga

En 2008, la Bulloise décide de tenter sa chance en Allemagne. A la suite d’un test concluant, elle rejoint le Turbine Postdam et décroche ainsi son premier contrat pro. Gaëlle découvre alors un nouveau monde, celui d’un très grand club européen. « On s’entraînait tous les jours, c’était beau, mais pas toujours évident. Au début, toutes les remarques étaient pour moi, l’entraîneur n’arrêtait pas de crier mon nom. En fait, c’était une sorte de formatage. Pas facile, mais j’ai dû rapidement m’y faire. » Dans ce contexte, la gardienne s’améliore à vue d’oeil mais doit néanmoins se contenter de jouer les doublures.
Forte de sa première expérience germanique et digne d’être titulaire en Bundesliga, Gaëlle Thalmann rejoint alors Hambourg. Malheureusement, le poids d’une nouvelle affliction vient lui coller aux crampons. « En préparation du deuxième tour, je me suis blessée et le club a dénoncé le contrat, j’ai donc dû chercher autre chose. » Affamée de temps de jeu, la Suissesse rentre donc au pays pour rejoindre les Grasshoppers Zürich. « Je savais qu’il y aurait une différence de qualité. On avait une équipe très jeune, on ne pouvait donc pas en attendre trop. » Qu’à cela ne tienne, Gaëlle fait le poing dans sa poche et apporte toute son expérience au club, en y entraînant notamment des juniors. Cette pige zurichoise ravivant ses sensations, la demoiselle bondit à nouveau comme une sauterelle et décide de retenter sa chance dans la réputée première division allemande.

« Une nouvelle expérience où je dois me battre, alors je fonce »

Au Lokomotiv Leipzig depuis l’été 2011, Thalmann y a connu un premier tour plutôt difficile. « Il y a eu des tensions dès le début, à cause de l’arrivée d’une dizaine de nouvelles joueuses. Les mauvais résultats se sont enchaînés et la coach qui m’avait recrutée a été virée après six matchs. » Comble de malchance, alors qu’elle partait pour être titulaire, Gaëlle s’est fait voler sa place un jour où elle défendait les buts de l’équipe nationale. Situation inextricable? La gardienne en a vu d’autres. Pétrie de talent et pleine de bonne volonté, elle serre alors les dents et resserre ses gants. « Le premier tour à Leipzig est plutôt décevant, j’ai peu joué et les choix du nouvel entraîneur ne sont pas forcément sportifs. L’ambiance est très concurrentielle, voire raciste, mais c’est une nouvelle expérience où je dois me battre, alors je fonce. » Et une fois mise sur les bons rails, personne ne peut arrêter la locomotive helvète.

La Nati, version féminine

Derrière l’indéboulonnable Marisa Brunner, recordwoman de sélections nationales, Gaëlle Thalmann est actuellement remplaçante de luxe en équipe de Suisse. Près de dix ans après ses débuts, elle se souvient. « J’ai commencé en M19, j’avais alors 16 ans. Après la première convocation, j’ai évolué dans de bons clubs. Ma progression m’a donc permis d’intégrer rapidement l’équipe A. » En compagnie de Lara Dickenmann et Ramona Bachmann, la portière fait actuellement partie de la meilleure génération féminine jamais vue du côté de la Nati. « C’est une équipe assez jeune et l’ambiance y est bonne. L’expérience de celles qui jouent à l’étranger apporte beaucoup. Même si ça s’annonce difficile, on va tout faire pour aller à l’Euro 2013. L’équipe A n’a jamais disputé de tournoi majeur, alors si on y arrive ... » Titulaire lors des deux derniers matchs de qualification, la Bulloise sillonne le globe avec l’équipe nationale. « On est notamment allé en Espagne, en Hongrie et en Russie. Je crois que le plus impressionnant c’était en Hongrie, avec les M19. On y a joué contre Israël... nos adversaires s’échauffaient en rythme et en chanson, dans le style des Marines. En fait, c’était les filles de l’armée. » Consciente de l’honneur qu’il revêt, Gaëlle apprécie à sa juste valeur le port du chandail national. Et certains de ses collègues masculins feraient bien de s’en inspirer.

Un esprit sain dans un corps sain

En parallèle à sa carrière footballistique, Gaëlle a également réussi, excusez du peu, un Master en Histoire et Germanistique. Au bénéfice d’une formation universitaire germano-suisse, elle souhaiterait donc pouvoir l’utiliser. « Même si ce n’est pas facile avec huit entraînements par semaine, j’aimerais bien trouver quelque chose pour travailler un peu la tête et l’esprit. » Les footballeuses universitaires n’étant pas légion, leur parcours n’est pas toujours facilité. « Aujourd’hui, il existe des formations adaptées mais moi, je n’ai pas eu cette chance. Ce n’est pas grave, ça m’a appris à m’organiser. Et puis certains de mes profs étaient assez compréhensifs. » En matière d’arrêts académiques, la portière s’est donc limitée à sa ligne de but.

Plonger vers l’avenir

À tout juste vingt-six ans, Gaëlle Thalmann a déjà des souvenirs plein la tête. « Il y a eu la finale de la Coupe à Berlin, devant 20'000 personnes, ainsi que celle des Jeux Olympiques Européens, avec une délégation suisse. Le plus beau, je crois que ça reste le titre obtenu avec Postdam. À égalité de points avec le Bayern, on a été championnes grâce à la différence de buts. On en avait marqué un de plus qu’elles, c’était rien… mais ça a suffi. »
Souriante de nature, Gaëlle se marre au moment d’évoquer l’ambiance régnant dans un vestiaire de filles. « C’est extrêmement bruyant et je pense qu’il y a autant de bordel que chez les mecs ! » Parmi ses souvenirs, la gardienne se remémore aussi avec joie de la première victoire de Leipzig cette saison. « J’étais titulaire et on a gagné 3-2 à Leverkusen. Vu que le trajet du retour était long, on avait des caisses de bières dans le bus. C’était sympa. »
Malgré un parcours semé d’embûches, Gaëlle s’accroche et persévère. Celle qui pouvait passer pour une braillarde s’est aussi bien calmée. « Avec les années, j’ai compris que gueuler n’aidait pas forcément l’équipe. Certaines joueuses sont très sensibles et si on leur crie dessus, on les enfonce encore plus. Maintenant, si on me demande de pousser une gueulée, je prends en compte les différentes personnalités de l’équipe. » La petite Thalmann est donc devenue grande, mais cela ne l’empêche pas de garder une oreille attentive aux conseils parentaux. Véritable passionnée, elle met désormais tout en oeuvre pour s’imposer définitivement du côté de Leipzig. « L’entraîneur des gardiens m’a dit que je méritais d’être titulaire. Je vais tout faire pour y parvenir, à commencer par améliorer mon jeu aérien. » Tant mieux, l’envol de « Gaga » n’en sera que plus beau.


Dans l'encadré:

Gaëlle Thalmann
Gardienne de but
Suissesse

Née le 18/01/1986 à Bulle
1m70 – 63kgs

1995 – 2000 : FC Bulle
2000 – 2002 : FC Riaz
2002 – 2003 : FC Vétroz
2003 – 2004 : FC Rot-Schwarz Thun
2004 – 2006 : FFC Zuchwil 05
2006 – 2008 : FC Luzern Frauen
2008 – 2009 : 1.FFC Turbine Postdam
2009 – 2010 : Hamburger SV
2010 – 2011: Grasshoppers Zürich
2011 – 2012 : 1. FC Lokomotive Leipzig

Internationale A (14 sélections)
1ère cape : 17/06/2007
(Suède – Suisse 4-1)



Le Webzine est également téléchargeable à cette adresse: http://www.sharkfoot.fr/2012/02/sharkfoot-8-telechargement-gratuit/. L'article me concernant se trouve aux pages 43 à 45. Voici le lien direct: Afficher

Unter diesem Link könnt ihr den "Webzine" herunterladen: http://www.sharkfoot.fr/2012/02/sharkfoot-8-telechargement-gratuit/. Der mich betreffende Bericht befindet sich auf den Seiten 43 bis 45. Das ist der direkte Link: Afficher

Source: Nicolas Munier, Webzine n°8, janvier-février 2012, p. 43-45, 02.02.2012.



1 commentaire:

mds a dit…

Et oui ce fut et c'est un parcours à suivre, t'as tjs été exemplaire.. Bonne suite...